Se poser, avancer

Je hais les dentistes. Deux jours que j'ai l'impression qu'un tractopelle est passé dans ma bouche. Deux jours à manger soupe et compote, deux jours à se dire que franchement, cette dent elle était bien où elle était, elle ne dérangeait personne.

Le pire dans tout ça, c'est qu'avec un mal lancinant, tu essaies de te poser et de faire le vide. Malheureusement qu'est ce qui se passe quand tu t'allonges, bang, ton cerveau se met en route et c'est partie pour un petit tour dans ruminationland. Je sais très bien, et tous les psys vous le diront, il ne faut pas faire ça. J'aime ce genre de phrase, parce qu'une fois qu'on les a dîtes ben, on en fait quoi! Il ne faut pas fumer mais on fume, il ne faut pas manger mac Do, mais on adore ça, il ne faut pas coucher avec son patron, ah non pardon je m'égare... 

Ce qui m'intrigue toujours et je pense que c'est ce qui me freine, c'est que d'un côté les psys disent qu'il faut savoir poser ses valises et de l'autre qu'il faut continuer à avancer. Pourtant j'ai l'impression qu'on se construit avec nos valises, c'est ce qui fait ce que nous sommes aujourd'hui et que forcément on avance avec elles non? Franchement, si ça fonctionnait réellement comme ça, on pourrait dire, bon allez les mecs, je vous laisse ma Samsonite, je préfère une Vuitton pour continuer le chemin! Allez hop, largage de tout et on repart.

Mais moi, ma Samsonite éventrée avec ses roues cassées, elle est toujours derrière moi, et puis s'il n'y avait qu'elle, non, j'ai 3 bagages à main aussi, difficiles à oublier sur un quai de gare. Je fais deux pas, tout le monde est là

Alors je sais, bien évidemment que tout cela est imagé, et qu'il ne s'agit pas d'oublier et de passer à autre chose, mais d'avancer en prenant en compte les erreurs du passé, mais comment fait on? A quel moment la valise cesse de vous faire souffrir? Quand peut on dire qu'on est prêt à repartir sur la route, alors qu'on sait qu'on va encore trébucher sur des nids de poule, tomber dans des caniveaux?